Le rachat des Recycleurs bretons par le géant Paprec change la donne à Brest dans le secteur de la gestion des déchets. La multinationale mise cependant sur le local en nommant, à la tête de l’entreprise, Jean-Pierre Denis, ancien président du Crédit Mutuel Arkéa.
La marque Navaleo avait été lancée en 2017 par les recycleurs bretons pour s’attaquer au marché de la déconstruction navale. (Photo Lionel Le Saux/Le Télégramme)
La reprise des Recycleurs bretons (48 M€ en 2023, 200 salariés) par le géant Paprec (13 000 salariés dans le monde, 2,5 Md€ de CA en 2022), effective le 14 juin 2024, va changer le paysage industriel brestois. Depuis des décennies, les Recycleurs bretons de Pierre Rolland, son président, et Guyot Environnement de la famille Guyot se partageaient un secteur dans une saine et loyale concurrence. Ce n’était pas forcément le grand amour entre les deux, mais deux groupes familiaux et indépendants résistaient à la pointe bretonne face aux multinationales du secteur du déchet.
Jean-Pierre Denis à la tête des Recycleurs bretons
Désormais, Erwan Guyot, président de Guyot Environnement devra batailler contre un grand groupe international aussi à domicile. Pour autant, l’homme qui va prendre la présidence des Recycleurs bretons est loin d’être un inconnu dans le tissu économique local. Il est en effet prévu que Jean-Pierre Denis, vice-président de Paprec, et surtout ancien président de la banque du Relecq-Kerhuon, Crédit Mutuel Arkéa, prenne les rênes de l’entreprise, une fois l’opération bouclée, en juin.
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Avec cette acquisition, Paprec s’installe donc en force dans le Nord-Finistère avec cinq déchèteries à Guipavas (29), Guilers (29), Crozon (29), Plouigneau (29) et Caudan (56) et trois sites de production à Guipavas, Guilers et Argentré-du-Plessis (35). Jusque-là, Paprec dispose d’un seul site en Finistère, une usine de recyclage à Briec.
Spécialiste de la gestion des déchets, Les Recycleurs bretons s’étaient diversifiés dans la déconstruction de navires à partir de 2017 avec leur marque Navaleo. Les trois dernières années ont été cependant plus compliquées dans la déconstruction, sur fond de marché militaire en grande partie remporté par Veolia à Bordeaux. L’accident mortel du responsable de la sécurité de Navaleo, à bord du cargo Captain Tsarev en 2016, avait été un coup très dur à encaisser pour Pierre Rolland.
Paprec entend bien accroître ses investissements et activités dans le secteur de la déconstruction.
Continuer à développement la déconstruction navale
Paprec aura-t-il la même appétence pour la déconstruction de navires civils ou militaires ? Oui, assure le groupe, qui compte une dizaine de sites dédiés à la déconstruction des sous-marins, bateaux, avions et trains. Paprec Métal Déconstruction démantèle actuellement des sous-marins nucléaires à Cherbourg ou encore des bateaux de pêche à Bordeaux. Le groupe a également récemment acquis SME dans le Grand Est, spécialisé de la déconstruction ferroviaire. « Paprec est le premier acteur de la déconstruction en France et entend bien accroître ses investissements et activités dans ce secteur », ajoute Jean-Pierre Denis, dont le développement de l’activité de déconstruction navale sera l’une des missions.Bas du formulaire
Selon Jean-Paul Hellequin, grand défenseur de la déconstruction navale à Brest, l’arrivée de Paprec est un signe plutôt positif pour cette activité industrielle portuaire. « Les Recycleurs bretons ont développé un outil performant qui a fait ses preuves avec un grand nombre de déconstructions qui ont fait référence. Il n’y a pas de raison que cela ne continue pas ».
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