Il faut bien partir du fait que les milliers de tonnes d’hydrocarbures souillés ces 40 dernières années depuis l’Amoco Cadiz, auraient été traités industriellement et une autre partie, qu’il fallait stocker quelque part. Je ne juge pas, car il faut vivre ces évènements pour en comprendre l’ampleur.
Le 16 mars 1978, les images que je voyais étaient pour moi apocalyptiques. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel scénario catastrophe, notamment lorsque je voyais ces gens, ces oiseaux, bref, le gigantisme des causes, aux effets du naufrage de ce navire.
J’en voulais à tous les armateurs du monde, j’avais 17 ans et j’allais commencer ma carrière maritime six mois plus tard. Quarante-sept ans plus tard et quelques tours d’hélices plus tard, mon analyse reste pragmatique.
Ferions-nous mieux aujourd’hui ? Non ! Surement pas, particulièrement après avoir suivi l’affaire du navire vraquier « RUBY » avec uniquement 20 000 tonnes de nitrates d’ammonium !
Tous seraient en « sueur froide à se regarder pour savoir qui prendra « la bonne ou pas » décision qui minimisera les dégâts. Quoi qu’il en soit, de nombreux sites ont été pollués par ces hydrocarbures, Ces produits restent essentiellement du pétrole brut non miscible à l’eau ONU 1267/ classe 3/ GE I/II ou III donc extrêmement polluant. Effectivement, il y a la consternation sur la gestion de l’époque, de toutes ces pollutions qui nous sont arrivées, mais il faut tout remettre dans son contexte.
L’association Robin des Bois en 2018 publie une carte sur laquelle sont référencés les différents sites en Bretagne en nous précisant que 366 000 t de pétrole brut des diverses catastrophes maritimes. Le naufrage de l’Amoco Cadiz a été la plus grande catastrophe que nous ayons connue. Dans l’urgence et avec les milliers de bénévoles à l’époque, il me semble que la gestion de cette catastrophe, comme je le précise plus haut, c’est relativement bien passée. Pour donner suite à cela, il a été créé le Centre de Documentation de Recherche et d’Expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE) . Un organisme de professionnels extrêmement compétents en la matière.
On ne fait pas disparaitre 366 000 t de terres souillées par du pétrole d’un claquement de doigt. Le premier point positif, est que le CEDRE, nous informe, il a proposer ses services. La mission sera longue et complexe, mais les résultats apporteront les premiers éléments d’une lutte à apporter pour résorber ces stockages. Il faut être lucide, le coût de cette dépollution sera monumental et ne sera pas à négliger, nous pouvons toujours dire « pollueur payeur » mais bon ! Il me semble tout à fait logique de dénoncer le laxisme du manque de suivi du pétrole des marées noires. Nous connaissons le « notre » mode de fonctionnement, on en parle pendant trois mois, puis on passe à autre chose, c’est purement franco/Français et je déplore bien entendu cet état de fait.
Il y aura toujours des catastrophes maritimes de grande ampleur, nous avons pu le constater avec le vraquier « RUBY » ça a été limite sans le soutien et le professionnalisme des Britanniques, nous aurions pu arriver à une situation de crise ingérable avec des conséquences qui auraient pu être dramatiques. Je ne suis absolument pas sûr que nous soyons préparés à ce genre d’évènement.
Pour conclure, nous avons la chance d’avoir en France le CEDRE, je suis persuadé, qu’il va sortir un rapport en toute intégrité. Il faudra ensuite analyser ce rapport avec eux et en ressortir un plan d’action de lutte qu’il faudra chiffrer. En attendant, la prévention est notre meilleure arme.