« Un navire coule tous les deux jours et demi », le cargo Ruby, chargé de nitrate d’ammonium, va-t-il traverser la Manche dans cet état ?

 

Le Ruby dans le détroit de Skagerrak, le 23 janvier 2021. • © © Bostmanmat

France 3 télévision : Écrit par Laurence Postic

Publié le 11/10/2024 à 12h31

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Le cargo Ruby, transportant une cargaison russe de 20.000 tonnes de nitrate d’ammonium, un produit potentiellement explosif, navigue depuis une semaine dans la Manche. Après avoir subi une série de dommages lors d’une tempête, le navire ne parvient pas à trouver un port qui veuille bien l’accueillir.

Parti de Russie le 22 août, le Ruby est au mouillage depuis le 25 septembre, avec ses 20.000 tonnes de nitrate d’ammonium, dans une zone d’attente au large de la Tamise, hors des eaux territoriales anglaises. C’est un stock de nitrate d’ammonium qui a explosé sur le port de Beyrouth, en août 2020, provoquant une centaine de morts.

Après les dommages que le cargo a subi en mer Blanche ou pendant la tempête Lilian au large de la Norvège, il n’est évidemment plus en mesure de traverser l’Atlantique jusqu’à sa destination finale, le Brésil, premier client de la Russie pour les engrais au nitrate d’ammonium.
Par mesure de précaution, il est sous l’assistance permanente d’un remorqueur. Il n’y a à ce jour aucun signe de la dégradation thermique de la cargaison du Ruby mais sa coque est fêlée.

Tous les 2 jours et demi, un navire coule dans le monde

Jean-Paul Hellequin  Association Mor Glaz

Les associations Mor Glaz et Robin des Bois tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines. Pour Jean-Paul Hellequin, président de Mor Glaz, association de défense de la mer, « on paie encore une fois le manque de contrôle dans les ports de commerce. Il y a plein de bateaux en mauvais état et avec des produits dangereux qui naviguent. Tous les 2 jours et demi, il y a un navire qui coule dans le monde, vous vous rendez compte ? », alerte-t-il.

Environnement. « Un navire de l’enfer ! « . Des associations dénoncent l’investissement de la Compagnie des pêches de Saint-Malo dans le « plus gros chalutier du monde » (francetvinfo.fr)

Le remorqueur, « un effet d’annonce »

Il déplore également « un effet d’annonce quand on nous dit que ce navire est accompagné par un remorqueur. A-t-il vraiment la force de le remorquer ? Nous dénonçons le fait que la France ne soit pas capable d’accueillir ce navire. Cela montre la vraie face du transport maritime : circulez, y’a rien à voir ! Alors, il va se passer quoi ? Ce navire risque d’être envoyé dans un pays pauvre. Moi je n’aime pas cette hypocrisie ».

Dans un communiqué, les associations Mor Glaz et Robin des Bois demandent conjointement « qu’une véritable coopération entre le producteur de la cargaison en Russie, l’armateur basé aux Emirats arabes unis, la Grande Bretagne et les Etats européens se mette rapidement et calmement en place sur la base d’informations fiables pour trouver la solution optimale garantissant à l’équipage de 19 marins en majorité Syriens, au Ruby et à l’environnement une issue favorable impliquant éventuellement le déchargement à quai de la cargaison, l’évaluation approfondie des dommages du navire et sa réparation ». Jean-Paul Hellequin conclut : « Ce que l’on peut souhaiter, c’est que notre pays fasse escaler le Ruby ».

Sky III. L’ancien brise-glace en arrêt forcé dans les eaux bretonnes est autorisé à reprendre la mer (francetvinfo.fr)

Un salon à Brest consacré à la sécurité maritime 

Du 15 au 17 octobre 2024, se tiendra à Brest la « Sea Tech Week » consacrée à la sécurité maritime. Cet évènement devrait être l’occasion d’aborder le sujet majeur du transport maritime de matières dangereuses.
De plus en plus de vraquiers, de cargos polyvalents, de porte-conteneurs, de pétroliers et de méthaniers sont sujets sur l’océan mondial à des avaries, des collisions ou des incendies qui mettent en danger les marins, l’environnement et les populations des villes portuaires.