Texte de Michel GLEMAREC, professeur à l’UBO,
a exposé les dangers que font courir au monde maritime les marées noires.
Du Torrey-Canyon ( 1967) à l’Erika (1999) dans cette longue litanie d’accidents pétroliers chacun a apporté son lot d’enseignements quant à la dégradation puis à la restauration et à la restructuration des écosystèmes côtiers .
Les biologistes marins possèdent aujourd’hui un ensemble de connaissances qui permettent une comparaison des différentes perturbations et une prévision des temps de restauration.
La catastrophe de l’Amoco Cadiz reste à ce jour la plus grande perturbation apportée à l’écosystème marin, tant par la surface touchée que par le temps nécessaire à la restauration (5 à 6 ans) .
Lorsque l’essentiel de la faune est détruite, une faune de substitution s’installe et en triturant le sol contaminé par les hydrocarbures elle peut favoriser la dégradation du pétrole et laisser petit à petit la place aux espèces tolérantes puis plus tard aux espèces sensibles qui avaient disparu. Ce sont ces dernières qui assurent le véritable équilibre de l’écosystème restauré. Espèce par espèce, avec des cycles biologiques différents, dans la mesure où elles sont commerciales il est possible de savoir quelle(s)génération(s) ont été touchées. Le Tourteau a été plus sévèrement touché que l’Araignée par exemple….
En Alaska suite à l’Exxon Valdez , aucune recherche n’a permis d’expliquer pourquoi les stocks exploitables de hareng et de saumon se sont écroulés 3 et 4 ans après la marée noire. Dans le cas de cette dernière, l’analyse des compartiments les plus élevés, ou les plus proches de l’homme, les prédateurs comme l’Aigle marin, les Orques, les Loutres, les Oiseaux a révélé les interactions complexes qui existent dans les écosystèmes de ces hautes latitudes. En zone tempérée ces niveaux inférieurs n’existent pas ou ont disparu. Dans tous les cas, s’il n’est pas toujours possible de prouver que l’on a perdu une partie de la biodiversité. Il est devenu classique de voir ces événements profiter à des espèces opportunistes et communes au détriment d’espèces sensibles et rares. La fréquence des événements perturbateurs est donc la clé du problème, étant donné que ces perturbations accidentelles viennent s’ajouter à la perturbation chronique des zones côtières.
Une marée noire c’est avant tout un choc émotionnel très fort qui engendre très vite une catastrophe économique alors que la perturbation est relativement moins importante. La part de ces trois types de perturbations mérite d’être analysée. En Alaska on a assisté à de véritables changements sociologiques au sein des communautés indiennes, la baisse des activités de subsistance basée sur la chasse et la pêche, le déclin de la solidarité ont entraîné une véritable perte d’identité de ces populations « matures » qui sont devenues assistées devant la pénurie de la ressource.
En Bretagne, l’Amoco Cadiz ( et les autres) a accéléré le déclin d’activités vieillissantes….et les petites unités de pêche ont été remplacées par des armements puissants (le Conquet, Roscoff ….) l’effort de capture a ainsi été considérablement augmenté, plus rapidement que prévu. Certaines ressources sont aujourd’hui très amoindries.
Le transport pétrolier c’est aussi les dégazages responsables d’une partie de la pollution chronique, lorsque l’on évoque une norme de rejet inférieur à 15PPM (partie par million). Les américains en terme de toxicité parlent depuis l’Exxon Valdez, de dixième de partie par milliard (0,1 PPM)….. il devient alors totalement illusoire de respecter de telles normes !
Au 21ème siècle il n’est plus question de se comporter comme au 19ème siècle. Quant aux déballastages, ils sont responsables de la dissémination au travers des océans de formes enkystées de plancton végétal dont certaines sont toxiques. Une fois libérées en milieu marin elles sont ingérées massivement par des mollusques filtreurs, ce qui ne les tue pas, mais les rend impropres à la consommation. Ces explosions de Dinophysis, d’Alexandrium……ont des conséquences économiques sans précédent.
Toutes ces manifestations liées au transport pétrolier ont donc aujourd’hui des causes bien identifiées. Face au mal, il faudra bien que l’on accélère la mise au point des remèdes.
Jean-Paul HELLEQUIN, président de l’association MOR GLAZ
Les pollutions marines sont l’un des plus grands fléaux du XXème siècle
» Torray Canyon » » Amoco Cadiz » » Tanio » » Ievoli Sun » « Prestige » « Selendang Ayu » etc…..
Le débat organisé par l’espace des sciences du Pays de Morlaix dans le finistère a permis de faire le bilan humain, écologique et économique des pollutions marines visibles.
Les pollutions marines invisibles qui font aussi courir des dangers aux hommes et à la nature ne font pas pour le moment l’objet d’études scientifiques.
L’association MOR GLAZ va demander à l’Etat Français une étude sur ces pollutions invisibles.
Les dégazages et déballastages en mer sont des pollutions très dangereuses ( selon les sources de 6 à 8Millions de tonnes d’hydrocarbure sont rejetées chaque année à la mer )
Les marées noires ne représentent que 2 à 3% des pollutions par hydrocarbure.
La catastrophe de » L’EXXON VALDEZ » en Alaska a certes bousculé le système écologique mais a changé les habitudes culturelle et alimentaire des populations dans ces régions, cela s’est résulté par une catastrophe humaine.
Très souvent, les accidents maritimes deviennent des catastrophes humaine, écologique et économique, la vie des populations du littoral en est profondément bouleversée.