Mor Glaz est un trousseau de clefs, un réseau d’informateurs, de sentinelles.
Jean-Paul Hellequin, président de l’association Mor Glaz, est un des plus ardents défenseurs des marins. Connu comme le loup blanc sur les quais brestois et bien au-delà, il a gagné bien des combats.
Jean-Paul Hellequin, c’est JPH pour beaucoup. Trois initiales qui résonnent aux oreilles des syndicalistes, journalistes, patrons et politiques, qu’il côtoie indifféremment, convaincu que c’est en se connaissant que l’on fait bouger les lignes, quitte à déranger. Mais l’homme est toujours respecté. Costume, cravate, fines lunettes et barbe de trois jours : il est loin le marin de 17 ans, engagé comme cuisinier dans la grande pêche – à Terre-Neuve, au Groenland et en Norvège – et qui a rejoint en 1977, toujours en cuisine, les Abeilles tout juste créées.
Depuis, le loquace septuagénaire se bat pour les droits des gens de mer, défenseur du pavillon français et vent debout contre les pseudo-armateurs
. Un terme que l’on retrouve dans les nombreux courriels envoyés par Mor Glaz et signés JPH, destinés aux journalistes – il a compris que la bataille se jouait aussi au plan médiatique – et adhérents de l’association, que l’on trouve jusque dans les ministères.
JPH ne se revendique pas lanceur d’alerte. « On est des débroussailleurs. Mor Glaz est un trousseau de clefs, un réseau d’informateurs, de sentinelles. Quand on envoie un communiqué, on est sûrs de ce que l’on écrit, on n’a jamais été démentis »
, assure-t-il. Déconstruction de navires hors d’Europe, bateaux immobilisés et marins non payés, chasse aux navires poubelles… Tels sont les combats du militant, encarté à la CGT depuis 1967.
À Brest, dans les années 2010, il a été l’un des moteurs du développement de la filière déconstruction navale aujourd’hui solide, et ces dernières années il a milité contre le projet d’installation d’un musée des phares sur le premier éperon. Projet depuis abandonné. » Il vient nous rappeler que l’on s’inscrit dans une histoire. Il est à la fois attachant et utile «
, salue Christophe Chabert, patron de la société Brest port.
Sa plus belle victoire reste celle de la défense d’Océane Herault, dont le père, marin sur un chalutier, avait trouvé la mort en 2013 dans le port de commerce de Cherbourg, alors qu’elle n’avait que 13 ans. Découvrant que le marin était ivre au moment de l’accident, l’Énim avait demandé le remboursement des aides perçues par l’adolescente. Un scandale aux yeux de JPH qui décide de la soutenir et se réjouit, en 2017, quand elle gagne son procès.