Dans la nuit du 25 au 26 septembre 2020, deux des trois Marins plaisanciers du voilier BE BOP perdaient la vie après s’être vu refuser une place à quai au port de plaisance d’AJACCIO . Le skipper avait pris la décision de se diriger vers un mouillage (non adéquat pour de multiples raisons) avec des vents violents (le communiqué de l’Association MOR GLAZ du 10 octobre 2020 et le rapport interne du 9 décembre 2020 intitulé « Le constat de la législation des ports de plaisance en France suite au naufrage du voilier BE BOP dans le Golfe d’AJACCIO ». Rapport que nous avions fait parvenir aux Administrations et Ministères concernés.
Il y a quelques jours, le Bureau Enquêtes Accidents Mer publiait son rapport sur l’accident du voilier BE BOP. Dès sa parution il nous a été conseillé « recommandé » de le lire. Envoyé à quelques-uns de nos Adhérents, les retours sont plutôt mitigés, voire même violents ! –« Le rapport de l’entre soi, celui qui ne doit surtout pas obliger à remettre en cause certaines mauvaises habitudes, des us et coutumes , mais, rappelons que deux Marins plaisanciers se sont noyés » !
L’Association MOR GLAZ s’interroge sur les responsabilités « les prérogatives » des Préfets Maritimes de la Méditerranée qui se sont succédés et la Direction Départementale des Territoires et de la Mer, qui sont peu ou pas regardants sur une gestion discutable de la Zone de Mouillage et d’Équipements Légers de PIETROSELLA !
Un observateur de proximité nous écrit ce qui suit :-« Suite au rapport du BEA MER je vous rappelle que l’arrêté de concession de mouillages à la commune de PIETROSELLA de 2007 prévoit la mise en place de 30 mouillages pérennes dans l’anse de la STAGNOLE, cet arrêté n’ayant jamais eu d’avenant la commune ayant décrété seule de la création de mouillages « beau temps » cela reste en toute illégalité comme d’ailleurs le manque d’information aux usagers des mouillages de passage qui doivent correspondre à 20% des 450 mouillages prévus sur les zones et au personnel prévu sur les 3 sites pour informer les plaisanciers sur les qualités et tarifs des prestations mises à leur disposition. Si les utilisateurs des mouillages ne sont pas informés que les mouillages ne comportent qu’une longueur de chaîne sensiblement égale à la hauteur d’eau ils ne peuvent réaliser un mouillage sécurisé avec un amarrage depuis cette bouée d’une longueur minimum de 2 fois la hauteur d’eau sous la coque. Restant à votre disposition Cordialement ».
L’Association MOR GLAZ constate quelques graves dysfonctionnements la nuit du naufrage que vous retrouverez dans le rapport du BEAMer :
Intervention de la SNSM : Il a fallu une heure et vingt minutes entre la première mise en alerte de la SNSM d’Ajaccio et le départ effectif de la SNS732 vers le lieu du naufrage. La mise en alerte des personnels se fait à l’aide d’appels téléphoniques. Dans ce cas, la fiche embarcation à disposition du CROSS répertoriait les numéros de téléphone du président, du patron et du patron suppléant, aucun n’était disponible ou n’a pu répondre. Le sous CROSS Corse, fermé aux heures du naufrage, possède une fiche station avec une liste amplifiée de personnes à contacter en cas d’urgence. Le CROSS La Garde, en charge de l’opération a travaillé à partir d’une fiche moyen ne prenant en compte que l’unité principale de la station et n’a pu joindre immédiatement le patron de la SNS 732. La SNSM a mis en place un système de mise en œuvre des moyens dans plusieurs stations (Système WOALEN) permettant d’optimiser la mobilisation des membres d’équipage. La station d’Ajaccio devrait prochainement être équipée de ce dispositif.
Conclusion du BEAMer : Faute d’être accepté dans un port, parmi différentes options, le skipper a fait le choix d’un mouillage sur bouée. Cependant, ce mouillage de « beau temps » était inadapté aux conditions météo à venir et le skipper n’en avait pas conscience. Le voilier, après avoir rompu son amarrage sur la bouée de passage du mouillage de Sainte-Barbe, a tenté de se diriger vers le nord mais a heurté l’écueil de Dorbera où il s’est disloqué. Le skipper et l’équipier ont été retrouvés décédés sans brassière de sauvetage et l’équipière a pu regagner la côte à la nage. L’absence d’informations sur le mouillage de Sainte-Barbe et ses limitations par la mairie de Pietrosella, est un facteur contributif de l’accident. Le manque de préparation du skipper dans la gestion d’une situation d’urgence telle que la rupture d’un mouillage est un facteur contributif de l’accident. L’absence de brassière de sauvetage dans un moment critique a certainement contribué à la noyade du skipper et de l’équipier.
L’Association MOR GLAZ constate à la lecture de ce rapport du BEAMer qu’il y a eu des dysfonctionnements évidents de plusieurs Services, dans son rapport du 9 décembre 2020 le Vice-Président de l’Association MOR GLAZ Bernard Le BIHAN est très précis sur ces dysfonctionnements qui ont certainement été les causes de la noyade de deux Marins plaisanciers. Utile de rappeler que les deux corps retrouvés ne portaient pas de gilet de sauvetage, mais il faut s’imaginer la panique lorsque le BE BOP est parti à la dérive cette fameuse nuit du 25 septembre 2020 ! Dans son rapport le BEAMer nous rappelle à trois reprises la présence sur zone du Remorqueur Abeille Flandre, est-il nécessaire de rappeler à cet enquêteur, que ce Remorqueur à un tirant d’eau supérieur à 7,20 mètres.
Trop de défaillances depuis trop longtemps, manque de vigilance de la part des Autorités : deux Marins plaisanciers perdirent la vie toute la lumière doit-être faite, la justice doit être rendue !
Pour l’Association MOR GLAZ Le Président Jean-Paul HELLEQUIN