Ce patron pêcheur de Plougastel menacé d’être envoyé par le fond (LT.fr-6/02/24)

Claude Herry, patron pêcheur de Plougastel, est au bout du rouleau. De mauvaise fortune en mauvaise fortune, il est en passe de se faire saisir sa maison et incrimine ses financeurs institutionnels. Ceux-ci assurent pourtant ne pas lui fermer la porte.

Claude Herry ne pouvait pas se douter qu’en achetant un bateau vicié, plus de vingt ans de procédures anxiogènes s’ouvraient à lui. Il est aujourd’hui en «burn-out» (Le Télégramme / Steven Le Roy)

Par Steven LE ROY. : Le 6 mai 2024, la cour d’appel de Rennes dira s’il y a lieu de saisir la maison de Claude Herry pour pouvoir rembourser la dette qu’il a contractée auprès du Crédit Maritime. Une histoire à la fois ubuesque et tragiquement banale, dans un moment où le calvaire de Claude Herry peut se comparer sans forcer à celui de ces agriculteurs étranglés de dettes. Tout commence en 2004, quand « j’ai voulu acheter un bateau de série, neuf. Je sais qu’un bateau marche une cinquantaine d’années, je voulais voir venir ». Il emprunte 136 000 € et reçoit son « Mike Océane », un ligneur de 8,5 m, l’année suivante. Problème : le navire est truffé de malfaçons, incapable de voguer, ce qui est moche pour un bateau. La procédure va durer dix ans. Dix ans d’expertises et de contre-expertises pour aboutir à un arrêt de la même cour d’appel qui reconnaît les torts exclusifs des chantiers.

« J’ai l’impression d’avoir été victime d’un surendettement programmé »

Entre-temps, Claude Herry n’a pas pu utiliser son instrument de travail. Après un passage dans les champs de fraise et la location d’un bateau pour une saison afin de gagner sa vie, il prend le taureau par les cornes. En 2011, il contacte sa banque pour réaménager un prêt dans lequel figurent les réparations nécessaires pour que son bateau puisse faire le job. C’est le début de sa descente aux enfers. « J’en étais à un remboursement programmé de 2 700 € par mois, j’ai l’impression d’avoir été victime d’un surendettement programmé ».

Descente aux enfers

En 2015 toutefois, le patron pêcheur parvient à rembourser 200 000 € à la banque. « À la fin du procès, ils m’ont tout pris. Moi, j’aurais bien voulu en garder un peu à gauche », grince-t-il. Les traites baissent à 1 000 € par mois, il paye quelques mois « mais, fin 2019, je ne pouvais plus. Et la crise du covid est arrivée ».

Claude Herry, rejoint dans son combat par la CGT des Marins, affirme que la banque a gardé un silence de carpe jusqu’en 2022 où elle serait réapparue. Depuis, c’est la Bérézina. Le premier procès qui l’a opposé au Crédit Maritime pour le remboursement de la dette de 170 000 € environ a ordonné la saisie de sa maison. « C’est de leur faute mais pas que. Pour nous aussi, le prix du gazole a triplé. Et puis il faudra que l’on m’explique comment 30 kg de daurade s’achètent 27 € puis sont revendus quinze fois plus ».

La banque veut encore chercher des solutions

Emmanuel Siefer-Gaillardin, directeur de la communication Grand-Ouest de la BPO dont fait partie le Crédit Maritime, tempère : « Nous suivons M. Herry depuis de longues années. En 2011, nous avions à cœur de lui proposer des solutions pour maintenir son activité », dit-il. Pour autant, le banquier rappelle que « les engagements n’ont pas été tenus » et que de mises en demeure en mises en demeure « qui n’ont pas reçu de réponses », les solutions se sont éteintes. « Nous jouons notre garantie avec la saisie de cette maison » regrette-t-il en affirmant « que si nous pouvons trouver une autre solution, nous le ferons. Notre porte, plus que jamais, est ouverte ».

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