En dépit des lois qui interdisent l’océanisation des navires, le 17 mai 2006 un porte-avions américain sera océanisé au large de la Floride…. il me paraissait important de le rappeler, et de commencer ainsi mon intervention.
L’association MOR GLAZ souhaite que la déconstruction des vieux navires qu’ils soient civils ou militaires devienne par la loi internationale une activité qui devra se conformer aux règles sociales et environnementales de nos pays européens.
Les péripéties du » NORWAY » et du » CLEMENCEAU » auront permis à tous ceux qui l’ignoraient, » ou qui avait fait ce choix « , de savoir que les navires en fin de vie ne peuvent plus être déconstruits de façon artisanale par des hommes qui travaillent dans des conditions d’un autre temps, chacun doit le dénoncer avec force. Cette activité effectuée dans des pays pauvres ou en voie de développement ne peut plus nous satisfaire, c’est pourquoi :
· Brest doit saisir avec d’autres ports européens cette opportunité industrielle.
· Brest doit se doter d’un chantier de déconstruction de navires, celui-ci devra être labellisé par l’Union Européenne.
· Brest doit se doter d’un chantier attractif pour les armateurs internationaux comme elle sait le faire pour la réparation navale.
Brest ne peut pas garder une mono activité, la déconstruction des navires doit être une activité supplémentaire.
· Brest doit saisir cette opportunité, cette chance pour l’emploi dans ce bassin où notamment le secteur de la métallurgie a beaucoup souffert durant ces dernières années, déconstruire des navires n’est pas une activité dégradante, une sous activité.
Un pays comme la Hollande a su provisionner 64M€ pour activer prochainement un chantier de déconstruction de navires. La France va-t-elle encore cette fois tourner le dos à une activité maritime, ou bien ce sujet serait-il devenu tabou.
· nous devons ensemble convaincre l’Union Européenne sur l’implantation d’un chantier de déconstruction de navires à Brest.
· nous devons gagner ensemble sur ce dossier pour le respect des hommes et de l’environnement.£
· nous devons gagner pour Brest. Notre port doit être le port où sera implanté le chantier de référence pour cette nouvelle activité aux normes sociales et environnementales que nous prônons.
Pour réussir, nous devons faire prendre conscience à tous les acteurs du secteur maritime qu’il faudra désormais prévoir le coût de la déconstruction d’un navire dès sa construction, cela doit désormais être la nouvelle norme internationale.
Nous devons y intéresser l’Organisation Maritime Internationale ( seule organisme capable par le n° IMO d’avoir la traçabilité d’un navire) nous devons imposer par la loi à tous les armateurs cette nouvelle obligation, car la déconstruction des navires ne concerne pas que les navires de l’UE mais tous les navires de tous les pays, de toutes les immatriculations.
L’UE avec sa deuxième flotte marchande mondiale doit montrer la bonne direction, montrer le bon exemple. Elle doit imposer des règles pour déconstruire les navires. Le monde maritime serait-il encore cette fois à côté de ce qui est imposé dans d’autres secteurs industriels.
Le transport maritime, première activité internationale doit être capable de faire appliquer les mêmes règles pour tous. Envoyer ses déchets ailleurs ne sera désormais plus possible car il faut l’interdire, l’interdire par la loi.
Respectons les traités que nous signons et faisons les respecter par tous……et partout.
Lorsque nous sanctionnons les pollueurs des mers sur notre littoral nous avons une bonne démarche pour défendre l’environnement, menons cette démarche hors de nos frontières en traitant nous mêmes nos déchets. Ne tournons pas le dos à nos responsabilités, cela serait incompris et immoral envers ceux qui les reçoivent.
L’objectif de créer un chantier de déconstruction à Brest est ambitieux mais réalisable. Lors de la table ronde organisée à Brest le 8 avril 2006 par l’association MOR GLAZ les responsables politiques, industriels et autres… sont venus nombreux, beaucoup se sont excusés de ne pouvoir être présents, cela est un bon signe, un signe fort, notre débat ne doit pas être comme trop souvent un débat de plus sans résultat ni sans suite.
Nous devons montrer, afficher notre volonté si nous voulons que ce projet se réalise chez nous à Brest. Si nous voulons lancer un tel chantier de déconstruction de vieux navires à Brest pour être en conformité avec les discours de la commission européenne et correspondre aux normes, ce chantier aura, dans les prochaines années, une importante charge de travail car il est prévu la suppression de 55 navires militaires français qui ne correspondent plus aux normes mais également 44 navires britanniques sans parler de ceux des autres pays européens, mais aussi les 2000 pétroliers à simple coque devenus obsolètes ou qui le deviendront suite aux bonnes décisions européennes d’imposer les pétroliers et autres navires à double coque.
Un tel chantier bien dirigé, bien géré ne peut qu’être positif pour Brest, sa région et notre pays. Participons activement à la déconstruction des 700/750 puis des 1200 navires qui seront à démanteler chaque année à partir de 2010. Si les navires étaient plus sérieusement contrôlés et de la même manière dans tous les ports il faudrait en détruire le double chaque année, surtout parmi les navires de 90 à 180 mètres.
Certains sont persuadés et chercheraient même à nous convaincre qu’emmener la sale besogne à faire réaliser par d’autres serait l’un des moyens de les aider à se développer….que cela serait pour ces peuples une bonne aubaine. Ne nous laissons pas berner derrière cette délocalisation qui cache un vrai business et une forme de colonisation économique honteuse….. Nous faire croire que les chantiers en Asie sont aux normes c’est bien nous prendre pour des demeurés, et c’est bien pour cela que ce travail doit être effectué chez nous dans les conditions optimales pour les hommes et l’environnement et nul part ailleurs.
Prétendre que ces chantiers sont aux normes est grotesque, le ministre du travail à reconnu qu’en France, 2 chantiers de désamiantage sur 3 ne respectent pas entièrement la réglementation et l’on sait par de multiples témoignages, y compris devant les commissions d’enquête parlementaire, la situation absolument catastrophique de ce type de chantier en Inde….. Enfin au lieu de s’obstiner, le gouvernement devrait reconnaître qu’il s’agit d’un problème économique.
Au prix de la ferraille, le » clemenceau » ne » vaut » pas le coût d’un désamiantage effectué dans les règles en France. Est-ce la raison pour laquelle nous devons faire réaliser cette sale besogne par d’autres…..NON.
Les armateurs privés et les Etats devront désormais prévoir la déconstruction des navires civils et militaires en prévoyant une ligne budgétaire dès la construction. Il faut que nous traitions les vieux navires comme nous savons le faire pour d’autres déchets. Où trouver l’argent ? Ce type de chantier est-il économiquement viable ? Oui, il suffit pour cela d’imposer aux armateurs, aux assureurs, aux affréteurs, à l’Etat du pavillon du navire ainsi qu’à tous les acteurs du transport maritime de nouvelles obligations internationales rigoureuses. La première activité mondiale ne peut pas encore cette fois rester à côté des lois, des financements peuvent être prélevés sur les marchandises transportées ( en 2005 7 milliards de tonnes de marchandise ont été transportées par la mer et ce chiffre est en constante progression), mais aussi sur les frais d’escale des navires, une partie des aides à la construction doit être provisionner par un organisme international pour déconstruire les vieux navires en respectant toutes les normes. Non, l’idée de déconstruire autrement et chez nous les vieux navires n’est pas une utopie, par contre confier cette tache à d’autres sous prétexte de les aider est une forme de colonialisme économique honteux et peu louable. Je vous remercie de votre attention.
Paris le 15 mai 2006 Pour l’association MOR GLAZ, le président Jean-Paul Hellequin