La mer, cette autoroute naturelle qui nécessite aucun entretien, juste un peu de surveillance ! Le 26 août 2014 le communiqué de presse de l’association MOR GLAZ commençait ainsi :
Le pays de la subvention à tout va (parfois injustifiée dans certains secteurs) va-t-il saborder cette autoroute qui permet de transporter en polluant cinq fois moins et en consommant sept fois moins de carburant (par tonne de marchandise transportée) que par la route tout type de marchandise en toute sécurité……
Depuis des années, l’association MOR GLAZ défend toutes les activités maritimes et notamment les autoroutes de la mer. Mettre des camions sur des navires pour éviter de passer par la route est une belle idée et une évidence, mais les idées sont-elles suffisantes, lorsque le transport maritime passe au second plan politique en France et en Région y compris en Bretagne, et ce, malgré toutes les déclarations de bonnes intentions formulées par les uns et les autres.
Les autoroutes de la mer ne deviennent-elles pas qu’un rêve lorsque les gouvernements successifs ne font que communiquer sur les activités maritimes, sans chercher à approfondir les enjeux humains, environnementaux, économiques et de sécurité.
Les gouvernements successifs semblent donner toujours priorité au transport par la route, et pourtant ce moyen coûte très cher aux collectivités en infrastructures, entretien etc.…..
Continuer d’encourager un transport routier et vouloir le maintenir comme premier moyen de transport alors que celui-ci connaît un dumping social effréné le rendant dangereux est d’une utopie devenue intolérable et inacceptable.
Les gouvernants doivent trouver absolument une alternative au transport routier. L’association MOR GLAZ continue de soutenir le cabotage maritime, ainsi que le développement des ports secondaires.
Selon la fondation Vinci autoroutes : 1 conducteur de poids lourd sur 3 s’estime susceptible d’avoir un accident à cause de la somnolence, 3 sur 4 ont roulé récemment sur les lignes blanches sonores le long de la bande d’arrêt d’urgence.
D’autres solutions que la route existent, le chemin de fer, le fluvial et la mer cette autoroute naturelle qui nécessite aucun entretien, juste un peu de surveillance.
L’association MOR GLAZ constate que le réseau ferré étant tellement pitoyable, que la seule vraie solution existante en complément de la route est la mer…..Le transport de remorques par la mer doit devenir une priorité, il doit attirer les transporteurs routiers, et devenir la vraie alternative à la route. Après avoir décerné un Carton Vert le 9 mars 2011 à Louis DREYFUS ARMATEURS pour avoir mis en place cette ligne maritime Nantes-Gijón, l’association MOR GLAZ remettait un Carton Rouge à ceux qui n’ont pas permis la continuité de cette ligne !!
La Bretagne ne joue plus qu’un rôle insignifiant dans le trafic maritime, par rapport à sa culture, son Histoire et aussi sa géographie, ses côtes dépassant plus du quart du littoral français.
Si à partir des XVème et XVIème siècle la Bretagne était une des premières puissances maritimes mondiales, elle était encore aux XVIIIème et XIXème et de loin, la première province maritime française. La Bretagne possédait à elle seule une flotte de pêche et de commerce supérieure en nombre et en tonnage à celle de l’Espagne. Le vieillissement des flottes et surtout le manque d’investissement pour passer du stade artisanal à une échelle plus importante fera pratiquement disparaître ces activités. Si nous comparons à la Norvège, le Danemark, la Grèce qui sont trois régions à peu près comparables à la Bretagne et qui ont su maintenir une politique de la mer, nous nous apercevons qu’à elles trois, elles contrôlent aujourd’hui plus du quart de la flotte mondiale. Les gouvernements français n’ont mené depuis trente ans qu’une politique de soutien minimal à sa marine de commerce, se limitant à gérer le déclin afin qu’il reste socialement acceptable pour les marins et les ouvriers de la construction et la réparation navale. L’Europe draine à elle seule plus du tiers du flux maritime mondial, le trafic est pratiquement concentré dans les seuls ports du Nord : Hambourg, Anvers, Gand, Zeebrugge, Rotterdam et le Havre. Cette situation devrait encore s’amplifier au cours de la prochaine décennie avec une recrudescence du transport des marchandises avec des navires, souvent sous normes et des compagnies maritimes totalement incontrôlables avec des navires sous pavillon de complaisance. Le seul port de Rotterdam totalise l’équivalent du trafic de l’ensemble des ports français, ces marchandises reviennent en France et sont redistribuées au sein de l’Union Européenne que trop souvent par la route. Tout l’aménagement de l’espace européen est conçu autour de critères fixés par la commission européenne. Ainsi, pour définir le schéma d’aménagement du territoire, on ne prend en compte un port que s’il dépasse un certain seuil en tonnage ! Le retard accumulé ne sera rattrapé qu’avec une autorité » volonté » politique très affichée et très ambitieuse !
Mesdames, Messieurs, ne laissez pas sombrer nos ports Bretons ni les ports Régionaux, ils ne doivent pas être voués à la mort ou réorientés pour survivre comme bassins pour la plaisance ! Il faut une autre vocation pour la marine de commerce et le développement du cabotage, donc des petits ports appelés ports secondaires. Pourquoi poursuivre une activité routière effrénée qui pourrait être remplacée par le cabotage maritime : 90 % des transports commerciaux s’effectuent par la mer (10 Milliards de tonnes en 2015)
.En Europe du Nord 80 % de ces échanges s’opèrent entre Le Havre et Hambourg, sur seulement 3 % du périmètre côtier européen. L’ensemble des ports de l’Atlantique ne représente que 4 à 5 % de ces échanges. La logique de l’économie mondialisée se caractérise par la concentration des flux maritimes sur uniquement quelques sites. La France n’est plus maîtresse de ses choix puisque désormais c’est au niveau de l’Europe que tout se décide en suivant une logique planétaire des marchandises transportées en continu, sans rupture de charge autour de la planète. Désormais les enjeux d’évolution sont fixés à l’échelle mondiale par les opérateurs internationaux. La recherche de compression des coûts est réalisée par la massification des marchandises transportées sur des navires géants, (19 300 conteneurs sur un même navire) des trajets directs vers les gros hinterlands (« arrière-pays » en anglais).
Ces opérateurs tiennent à privilégier d’abord les ports les mieux placés et les mieux pourvus: Installation de nombreux portiques qui doivent permettre à leurs navires d’effectuer un temps d’escale minimum, ce qui impose pour le port élu, l’obligation d’immenses espaces de stockage à proximité des quais et d’importantes dessertes terrestres.
Cette concentration au nord de l’Europe correspond bien à leurs exigences , d’écouler le plus rapidement et le plus loin possible leurs marchandises en construisant des nouvelles autoroutes, des réseaux ferrés, l’écoulement par les fleuves en drainant ainsi toute l’Europe en profondeur et en constituant « des corridors de fret ». Pour ces décideurs, l’Europe doit se transformer en fonction de leurs besoins et aux frais des contribuables.
En moins d’une génération nous sommes passés de la notion de port, point de passage obligé de la marchandise, à la notion de port élément d’une chaîne complexe permettant aux grands groupes financiers de façonner l’Europe suivant leurs besoins, suivant leurs envies, afin d’écouler rapidement leurs produits. Nous entrons bien ici dans le cadre d’une mondialisation dans son aspect le plus vif et le plus dur.
De telles concentrations ne sont-elles pas porteuse de déséquilibre, et se font au détriment des ports secondaires, mais, favorisent le transport par la route même lorsque cela serait possible par la mer, l’exemple concret de ce qui peut être réalisé : la poudre de lait qui sera fabriquée à Carhaix pour la Chine sera transportée au Havre par la mer au départ du port de Brest.
Depuis une trentaine d’années nous devrions pourtant assister à une nouvelle mutation du transport : Le navire ne fait que confirmer son avance sur tous les autres moyens de transports terrestres, sa consommation est par exemple dix fois plus faible que celle du train… Il n’est pas tributaire des contraintes de gabarit de hauteur ni de poids… Il n’est pas tributaire ni de l’état ni de l’entretien des routes… ni de la construction de nouvelles autoroutes pour écouler les marchandises. Il est bon de rappeler que la seule autoroute qui existe depuis toujours et qui ne coûte pas cher aux contribuables c’est l’autoroute maritime. Pour l’Association MOR GLAZ, les industries exportatrices devraient s’implanter d’avantage sur les zones portuaires. Le navire marchand peut » doit » donner une nouvelle dimension maritime aux Régions.
Mesdames, Messieurs, ayez et développez cette volonté maritime, cette volonté de développer les ports de vos Régions, les ports secondaires, de diversifier les activités, la mono activité est la cause de la faillite d’un port et son manque d’attractivité pour les investisseurs, les armateurs, les chargeurs et autres professionnels !
Pour l’Association MOR GLAZ le développement des ports et la protection de l’Environnement ne sont pas incompatibles. Le cabotage est une occasion de renouer avec ce qui a constitué la force de nos régions dans le passé, en créant une autre logique d’aménagement du territoire. Il faut Mesdames et Messieurs, développer les infrastructures portuaires, redynamiser celles qui existent, elles sont dans l’attente d’une relance. Depuis le désengagement de l’Etat, les Régions doivent montrer leurs intérêts pour les ports et relancer une politique portuaire. Mesdames et Messieurs les Elus optez pour le cabotage, privilégiez un transport plus propre !
Ces espaces portuaires décentralisés offriraient l’opportunité de s’orienter autour de quelques atouts principaux, comme la constitution d’une nouvelle flotte, une nouvelle relance des arrières pays et des zones portuaires. Les villes portuaires peuvent devenir à nouveau les interfaces majeures du commerce international. Bien organisées, bien pourvues, elles deviendront indispensables entre les zones de production et celles de consommation.
La ville portuaire et toute sa région doit dépasser le système hexagonal français, où tout est concentré, centralisé vers Paris. il faut privilégier un autre système de coopération entre les régions: L’Arc Atlantique regroupe à lui seul, plus de vingt deux régions, de l’Irlande au Portugal, mais d’autres pôles existent qui seraient également partants, comme la Mer Baltique, Les Iles, La Mer du Nord et une grande partie de la Méditerranée, l’ensemble regroupant aujourd’hui 180 ports.
L’Association MOR GLAZ pense que le cabotage s’inscrit dans la modernité, il est moins polluant et moins énergivore. Un tel choix appartient à chacun de nous, à chacun de vous Elus UDB, chacun avec ses moyens propres.
Il est un moyen nouveau de dynamisation pour développer nos économies régionales avec une autre logique d’utilisation de l’espace la mer. Il permet une répartition plus équilibrée des hommes et des richesses afin de renforcer la cohésion économique et sociale, il œuvre pour la coopération interrégionale par une meilleure prise en compte des particularités des régions périphériques comme la Bretagne.
Le cabotage redevient un projet global socialement et économiquement intéressant pour tous. Une idée nouvelle et innovante pour une relance des activités économiques.
Un trafic routier trop engorgé, dangereux pour l’Homme et l’Environnement un seul exemple: l’axe routier Bordeaux-Irun enregistre bon an mal an un flux de plus 7000 poids lourds par jour dont plus de la moitié ne font que transiter entre l’Europe du Nord et la Péninsule ibérique. Il est prévu un doublement du trafic tous les sept ans. L’autoroute de la mer elle, elle est gratuite et ne nécessite aucun entretien !
Avec l’Association MOR GLAZ nous devons ensemble imposer une politique plus volontariste pour soutenir les activités maritimes et pour ensemble briser la spirale du déclin. Cela devrait être un des grands objectifs de la régionalisation bretonne.
La mer mériterait un Ministère, un grand Ministère, entièrement consacré aux activités maritimes et au Cabotage, il doit être demandé » exigé » par les Régions. Ces Régions qui devront obtenir certaines réformes pour relancer le cabotage ! Le maritime une nouvelle chance à saisir pour la Bretagne.
Le système politique jacobin français a fait en sorte que la Région Bretonne ne puisse être directement maîtresse des décisions concernant son territoire comme de son devenir. Un Conseil Régional possédant des pouvoirs réels ne doit plus être une utopie, c’est pourquoi, nous ne pouvons qu’être favorable aux transferts des compétences de l’Etat vers les Régions en particulier la nôtre. Mais ceux-ci ne doivent pas se limiter à quelques déplacements des compétences, de façon plus ou moins tronquées. La décentralisation que l’on nous propose ne doit pas consister à créer une nouvelle féodalité de petits chefs régionaux, il faudra des décideurs, qui décideront en tenant compte des demandes des citoyens !!
La richesse de la Bretagne doit être à nouveau son intelligence: retour à des unités agricoles plus petites, mieux ciblées, transformation par la création de tout un secteur de Bio-industrie avec la recherche agronomique et aquacole qui devrait aboutir à la production et la vente de nouveaux produits pouvant s’écouler facilement sur toute l’Europe, voire le monde entier en produits finis par conteneurs frigorifiques transportés par les navires caboteurs. Des îles pouvant produire des algues, des poissons, des coquillages dans ses fermes aquacoles.
La Bretagne doit tirer profit de sa situation maritime privilégiée, elle peut offrir des possibilités immenses pour les échanges à travers le monde avec un nouveau type de bâtiment adapté, rapide, pouvant être chargé et déchargé rapidement. La filière agriculture/ industrie/ mer constituant l’axe essentiel de développement, la terre et la mer dans notre Région sont très liées. La Bretagne après un relatif isolement doit devenir un lieu de croisement et de développement grâce à ses ports. Toutes les grandes métropoles sont des ports, certaines villes ne se sont développées que par leur port.
L’Europe est une chance pour la Bretagne, l’inverse est aussi vrai ! ainsi que pour toutes les régions périphériques, encore faut-il créer un type de développement original et surtout différent de celui qui résulte du jeu prédateur du néolibéralisme actuel.
Pour cela , avec l’Association MOR GLAZ nous devons ensemble exiger : de conserver intact notre patrimoine commun que constitue la mer par une lutte constante de protection et de mise en valeur… d’assurer la relance de la marine de commerce, de cabotage, de la pêche hauturière et côtière, la construction navale, l’aquaculture etc.…. de proposer une nouvelle dynamique d’évolution des ports, particulièrement nombreux en Bretagne, car ce sont des portes ouvertes sur le monde permettant de saisir toutes les opportunités. Une nouvelle dynamique de valorisation du territoire, prenant en compte une nouvelle économie enfin, au service de l’Homme…de pouvoir intervenir sur les marchés commerciaux européens en faisant jouer les notions de qualités des produits soutenant ainsi activement l’arrière pays agricole au lieu de le laisser mourir, assurant ainsi l’insertion puissante de la Bretagne dans l’économie planétaire nouvelle qui se dessine.
Nous pouvons faire que tous, associations, syndicats, professionnels se mobilisent avec les Elus politiques Bretons pour une même logique: la relance des activités maritimes, la conception et le lancement d’une nouvelle flotte de navires, la définition et la mise en place d’une autre politique de surveillance, de sécurité maritime et de protection des côtes avec de nouveaux remorqueurs plus puissants et plus nombreux.
N’est-il pas temps qu’ensemble nous nous mobilisions et travaillions à ces projets en réaffirmant, haut et fort, face aux tenants de « la pensée unique » et de leur logique de mondialisation économique et d’uniformisation culturelle, les valeurs représentant notre particularité Bretonne. Face donc à cette mondialisation qui, insidieusement entend s’imposer partout, il est plus que temps d’affirmer notre volonté de rester debout en défendant nos valeurs.
L’ouverture sur le monde est une nécessité pour affirmer notre personnalité, notre vocation, nos objectifs. La Région Bretonne ne sera véritablement reconnue dans le monde que si elle joue sa propre carte, en prenant toutes les initiatives pour son développement, y compris pour ses ports…Il faut relancer le commerce maritime vers l’Europe à partir de nos ports car, la Bretagne ne peut exister qu’avec une flotte et des moyens portuaires conséquents. …Il faut un nouvel avenir pour Brest, Lorient, Saint Nazaire, Concarneau, Douarnenez mais également pour toutes les villes et les ports de la façade atlantique, de la Manche et plus largement !..Brest aspire aujourd’hui avec d’autres, à devenir la Ville européenne de la mer, le grand pôle touristique, la métropole maritime à la porte de l’Europe comme Nantes et Lorient.
La Bretagne et ses Elus UDB doivent envisager sereinement l’avenir des Bretons. N’est-ce pas ensemble en s’engageant avec l’Association MOR GLAZ et avec convictions dans de telles propositions que nous pourrons être à nouveau les leaders régionaux et européens incontestés dans le domaine maritime. Une lueur d’espoir et un certain intérêt, depuis quelques temps pour le port de Brest après les Chinois, la CMA CGM à affrété deux caboteurs qui feront escale à Brest et dans plusieurs ports du nord de l’Europe !!!
Synthèse de Jean-Paul HELLEQUIN Président de l’Association MOR GLAZ
Dossier préparé par l’Association MOR GLAZ et par François Pellennec, ancien technicien des arsenaux. Ecrivain dont son livre « Au temps de la Voile dans la rade de Brest » a été couronné par l’Académie de Marine en 1999, il vient d’achever son second livre « Une autre ambition maritime pour la Bretagne ». François aujourd’hui malade a été bénévole dans le milieu associatif pour la valorisation du patrimoine maritime et l’insertion sociale des jeunes en difficultés et pour l’Association MOR GLAZ dès 2000 qui regroupe à Brest, en France et en Europe de nombreux militants et acteurs locaux qui luttent ensemble pour obtenir au niveau de la France et de l’Europe un service de sécurité maritime enfin digne de ce nom.