Retour à Brest de l’Abeille Flandre : ils se souviennent des grands moments du remorqueur Article réservé aux abonnés Par Stéphane Jézéquel Le 29 septembre 2022 à 17h49

L’Abeille Flandre revient à Brest, vendredi 29 septembre, pour y être déconstruit. Ceux qui ont œuvré à bord du remorqueur emblématique ou côtoyé ses marins se souviennent.

Acteur incontournable de la sécurité dans le rail d’Ouessant pendant 25 ans, le remorqueur Abeille Flandre revient à Brest vendredi 30 septembre en vue de sa déconstruction. (Photo d’archive Eugène Le Droff)

L’Abeille Flandre revient ce vendredi 29 septembre à Brest, après un dernier voyage depuis Toulon. Pendant 25 ans, le remorqueur a assuré la sécurité du rail d’Ouessant. Beaucoup auront la gorge serrée, ce vendredi matin, quai Malbert, et se remémoreront les grands moments.

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Jean Bulot, capitaine emblématique

Pour le charismatique capitaine de l’Abeille Flandre, Jean Bulot, difficile de choisir un souvenir précis du bateau. « Il y a quand même la nuit où nous nous sommes portés à la hauteur de l’Alcor, un chalutier pêche arrière de Concarneau malmené dans des creux de plus de 15 m et force 12 à l’anémomètre. On a été bien secoués cette nuit-là, mais ce n’était rien à côté des marins qui étaient restés à bord et qu’on a ramenés à bon port à Brest. » Il se souvient : « J’avais des gars extraordinaires qui ne rechignaient jamais. Je les revois régulièrement batailler sur la plage arrière. Des images qu’on n’oublie pas ».

Jean Bulot a longtemps été capitaine de l’Abeille Flandre. (COR/Le Télégramme)

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Jean-Paul Hellequin, LE cuisinier de Landerneau

Jean-Paul Hellequin, syndicaliste et président de l’association Mor Glaz, est indissociable de l’histoire du remorqueur. Il animait « l’une des plus belles tables de Brest ! », disent encore les marins sur le port. Olivier de Kersauson ou Hervé Hamon peuvent attester qu’on mangeait plus que correctement à bord de la Flandre. Il fallait surtout soigner l’équipage toujours affamé dans le très gros temps. En véritable artiste des chaudrons, Jean-Paul Hellequin a joué de ses gamelles qu’il laissait mijoter par force 12 ! L’accueil des familles et des dizaines de milliers de visiteurs, au cours des portes ouvertes, a inscrit le navire dans le paysage brestois.

Jean-Paul Hellequin. (Photo archives Le Télégramme)

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Thierry Le Cerf, nettoyeur de machine devenu pilote de ligne

La Flandre a forgé des destins incroyables. Thierry Le Cerf embarque sur la Flandre à à peine 18 ans comme nettoyeur à la machine, au plus bas de l’échelle. Il passe second mécanicien avant de quitter les Abeilles pour devenir… pilote chez Air France ! « L’un de mes commandants de l’époque sur la Flandre nous avait raconté son expérience de pilote. Je suis devenu commandant de bord sur moyen et long courrier. »

Thierry Le Cerf, de l’Abeille Flandre à Air France (Photo Thierry Le Cerf)

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Bernard Perrot, LE bosco de Portsall 

Parmi les boscos qui ont marqué l’histoire des Abeilles, il y a le Portsallais Bernard Perrot, bien sûr ! Pas du genre à se mettre en avant, celui qui a officié dix ans à bord de ce remorqueur se souvient de « branlées mémorables » dans une ambiance d’équipage inoubliable. Il regrette que ce « bon navire, très bien construit » parte à la casse. « C’est dommage, son moteur doit encore tourner comme une horloge ! » Celui qui a officié comme bosco pendant une quinzaine d’années sur les Abeilles (la Languedoc et la Provence également) n’oubliera pas les copains bondissant sur le pont, entre deux déferlantes…

Hervé Hamon, l’écrivain résidant

Le commandant Charles Claden l’appelait à Paris : « Demain, va y avoir du temps pour toi ! ». Hervé Hamon sautait dans l’avion pour Guipavas puis pour Ouessant et rejoignait La Flandre. Entre 1997 et 1999, l’écrivain a multiplié les embarquements dans la tempête pour raconter la vie des équipages, la mer déchaînée, les manœuvres millimétrées. « 18 m de creux devant l’île Keller, face à Ouessant, ça ne s’oublie pas. » Le visage des marins, « des artistes dans leur domaine », non plus. « Beaucoup nous ont quittés. C’est surtout à eux que je pense aujourd’hui. »

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Christian Munier, ancien directeur général des Abeilles

« C’est le remorqueur sur lequel nous avons, de loin, le plus communiqué ! Il a fait connaître au grand public le métier des Abeilles avec la phrase qui l’a rendu célèbre : « Le bateau qui sort quand les autres rentrent ». C’est véritablement le bateau qui a matérialisé le désir de protection des côtes et du littoral français. Les équipages ont été remarquables, sous la direction de deux commandants qui ont marqué de leur empreinte ce bateau. Jean Bulot et Charles Claden, dans deux styles radicalement différents, mais les deux avec une redoutable efficacité. »

 

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Jean-Jacques Augier, ancien président des Abeilles de 1991 à 1996

« C’était toujours un plaisir de venir à Brest rencontrer l’équipage. Je n’ai jamais participé au moindre remorquage mais passé d’excellents moments à quai. Jamais mangé de plateaux de fruits de mer ni d’huîtres aussi délicieuses que sur l’Abeille ! Le commandant Bulot a clairement renforcé le côté emblématique des Abeilles. C’était la noblesse du métier, un sens aigu de responsabilité et d’efficacité sur l’eau, avec des équipages qui savaient se préparer et gérer au mieux les temps faibles, à quai, pour donner le maximum le jour J. »

 

Laurent Mérer, préfet maritime de l’Atlantique de 2004 à 2006

« Ma première prise de contact opérationnelle avec la Flandre remonte au 30 octobre 2001 autour du naufrage du Ievoli Sun. » Alors préfet maritime de la Manche, il travaille pour la première fois aux côtés de Charles Claden qui commande le remorqueur. Alors qu’il est nommé préfet maritime de l’Atlantique en 2004, Laurent Mérer dispose de cet outil exceptionnel pour régler les situations urgentes autour du rail d’Ouessant. « C’est un outil formidable pour le préfet maritime, avec un délai d’appareillage minimum, des équipages entraînés et spécialement dédiés au remorquage, des gars vraiment talentueux… Une assurance et un navire emblématique indéniables ! »

Laurent Mérer, préfet maritime de l’Atlantique de 2004 à 2006. (L. Mérer)

L’Association du Remorquage tient par ce communiqué à remercier  toutes celles et ceux qui se sont déplacés en grand nombre afin de visiter pour la dernière fois, le Remorqueur Abeille Flandre quai du Commandant Malbert à Brest le samedi 1 et le dimanche 2 octobre 2022.

 

Nous regrettons que vous n’ayez pas pu être plus nombreux à pouvoir franchir la coupée de ce navire emblématique  que vous aimez tant ! Nous nous excusons sincèrement  de ne pas avoir pu permettre à tous de pouvoir monter à bord de l’Abeille Flandre pour des raisons que nous ne maitrisions pas et indépendantes de la responsabilité de l’Association du Remorquage, qui a cependant essayé dans un temps restreint  de faire au mieux pour les fans de la vieille Dame.

Nous remercions toutes celles et ceux qui ont accepté et compris une situation qui n’était pas de nôtre fait. Un grand merci à ceux qui sont passés à la boutique face au Remorqueur Abeille Flandre, vos achats et dons nous permettront de reverser plus de 4600€ à l’Association Des Oeuvres Sociales de la Marine (ADOSM),  merci pour eux.

Un très grand merci à l’Union Maritime de Brest et de sa Région, au port et aux services de la Mairie de Brest pour leurs aides  logistiques Lamaneurs et Autres ….. aux Membres de l’association du Remorquage et de MOR GLAZ .

Des visites de l’Abeille Bourbon seront programmées en début d’année 2023, vous serez informés.

Un grand merci pour tout, nous savons que l’acier des deux Abeilles Flandre et Languedoc sera recyclé afin de réaliser de nobles et belles choses.

Pour l’Association du Remorquage    Le Président Jean-Paul HELLEQUIN

 

Hommage appuyé de Jean Luc Lapel à l’Abeille Languedoc : Ancien Maître Mécanicien aux Abeilles Internationnal Membre de la  SNSM Station du Havre    Vice-président de « MOR-GLAZ »    Membre de « French-Lines »           Membre du Musée Maritime & Portuaire du Havre       Membre de l’USST 488 Le Havre 16ème Port US  Délégué de l’éducation nationale

Ce mercredi d’août 2022, l’Abeille Languedoc arrive à Brest pour un ultime accostage. J’étais triste et très ému ce jour-là.

J’imagine l’émotion des marins pour un dernier accostage. L’émotion des mécaniciens qui stoppent tour à tour les moteurs principaux et pour finir les groupes électrogènes. Ça y est la vieille dame a rendu son dernier souffle. Mais quelle belle carrière !

L’Abeille Languedoc arrive à Dunkerque en 1979, en même temps l’Abeille Flandre arrive à son tour.

L’Abeille Bretagne, la cadette de la flotte prépare son voyage inaugural de Dunkerque au Nigéria. Je suis à bord comme Maître-mécanicien.

On pourrait penser qu’une grande partie de la nouvelle génération est à Dunkerque pour une fête de famille.

Quelques mois plus tard, j’embarque sur l’Abeille Languedoc, à Cherbourg, quai de France, à l’endroit même où les plus grands transatlantiques ont accostés. C’est sûrement un signe et une place bien méritée.

Je suis sur un navire imposant, fonctionnel pour la machine.

Après avoir navigué sur l’Abeille 15, 2800 cv ; l’Abeille 30, 7500 cv ; l’Abeille Normandie et Provence, 16000 cv ; me voilà sur le Languedoc, 23000 cv.

Des sauvetages, j’en ai fait un bon nombre avec vous.

En février 1983, en patrouille sur le rail au large des « Casquets », la mer est forte. La passerelle capte un « May-Day » à 5h00 heure du matin. Une voie d’eau sur un bateau militaire nigérian. Nous évacuons plus de cinquante marins tétanisés, en faisant des rotations avec le « zodiac » avec huit personnes à bord, plus le second-maître et moi. Un beau sauvetage réussi grâce à vous.

Et puis, je n’étais à bord, mais le sauvetage du pétrolier malgache cassé en deux et pris en remorque à seulement 900 mètres du plateau des « Minquiers » par le commandant Jean Bulot.

Je ne peux pas citer tous les sauvetages. Votre carrière est remarquable et mérite l’admiration.

Aujourd’hui, Madame, vous nous quittez, mais vous pouvez être fière et même très fière de votre carrière, en tous cas moi je suis fière de vous avoir servie.

C’est le cœur serré que je vous dis Adieu Madame.

Jean-Luc Lapel.

   e.mail : jean-luc.lapel@wanadoo.fr

le 2 août 2022: Arrivée de L’Abeille LANGUEDOC à Brest, qui va se mettre  à couple de l’Abeille BOURBON dans le port de Brest,  quelques coups de corne émouvants pour saluer son dernier voyage qui  s’arrêtera ici à Brest

(secret tenu depuis quelques jours). Les Associations MOR GLAZ et du Remorquage sont satisfaites de cette sage décision, et nous décidons pour cette raison de dédier un beau carton vert à la Direction de la Société « Les Abeilles International » à sa Présidente Madame Saoura Draoua, et, au Président Jean-Louis Bouchard Président fondateur du Groupe ECONOCOM ….La vieille dame  ne sera pas confiée à un « pseudo armateur » qui y ferait naviguer des Marins sans statut, sous un pavillon très exotique aux couleurs ensoleillées …..sauf pour les Marins qui sont embarqués sur les navires battant ces pavillons trop souvent incontrôlables et incontrôlés. Une fin respectable pour l’Abeille Languedoc, une page se tourne, une autre s’ouvre avec les Abeilles Normandie et Méditerranée ….

Bienvenue à Brest au déchet « RIO TAGUS »

Bloqué à Sète depuis plus d’une décennie, le navire «RIO TAGUS» ancien chimiquier de 80 m de long a enfin quitté le port de Sète après un long séjour le long d’un quai !

Ce vieux navire fait route (il passe en ce moment le détroit Gibraltar) vers le port de Brest, embarqué sur le « Yacht Express » transporteur de navire (plus souvent des navires de luxes que des navires poubelles). Dans quelques jours, le convoi arrivera à Brest et sera pris en charge par la Société Navaleo filiale des Recycleurs Bretons pour y être déconstruit et recyclé, « recyclé » est important.

Le «RIO TAGUS » n’est  que le triste feuilleton des navires abandonnés avec leurs Equipages dans les ports du Monde (des Marins qui revendiquent leur dû, et celui qui les exploite ne comprend pas et les abandonne, en essayant souvent de récupérer son bien).

L’épave était amarrée depuis plus de 10 ans à Sète, en raison d’un abandon par le « pseudo-armateur » et de procédures judiciaires avortées. Des tentatives d’amateurs de le démanteler sur place furent même tentées, en effet, un temps le port de Sète pensait pouvoir assurer la démolition sur site et avait lancé une consultation en février 2019. Mais « heureusement » la procédure avait été retoquée par le Tribunal Administratif de Montpellier du fait d’un  risque de naufrage, et de la proximité d’habitations.

L’Association MOR GLAZ tient à rappeler que la déconstruction et le recyclage des vieux navires est une activité industrielle. Cette activité industrielle nous la défendons depuis des décennies lorsqu’elle est respectueuse de l’Homme et de l’Environnement ! Le nombre de navires qui partent se faire déconstruire dans des chantiers qui ne respectent pas les règles Sociales et Environnementales est scandaleux, nous continuerons de le dénoncer avec force !

Un très long épilogue pour ce navire « RIO TAGUS » construit en 1979 et abandonné par un « pseudo-armateur » Américain (basé au Panama comme par hasard) avec son Equipage composé de Marins Guinéen, Egyptien et Ukrainien.

L’Association MOR GLAZ dénonce ces situations qui assombrissent les activités Maritimes et les Armateurs respectables. Le milieu Maritime doit se discipliner concernant la déconstruction et le recyclage des navires.

L’Association MOR GLAZ, souhaite bonne Mer au Commandant et à l’Equipage du « Yacht Express », et bienvenue dans le port de Brest.

 

Pour l’Association MOR GLAZ     Le Président Jean-Paul HELLEQUIN

L’Association MOR GLAZ, tient à féliciter l’ensemble des acteurs, qu’ils soient Civiles ou  Militaires qui ont participé à mettre en sécurité le vieux bac de Loire « Saint Hermeland », et ainsi d’avoir évité le naufrage.

 

Ce bac était la propriété du Conseil Départemental des Pays de la Loire, qui  a assuré durant presque 40 ans les liaisons  « Le Pellerin-Couëron », il était abandonné au quai Wilson à Nantes depuis plusieurs années. La décision de la faire déconstruire et recycler à Brest est une bonne décision.

Ce bac, avait quitté le port de Nantes, sous remorque pris en charge par le Remorqueur «Le Moros » dont l’Armateur est la Société Coopérative des Lamaneurs des Ports de BREST-ROSCOFF. Ce Remorqueur est basé dans le port de Concarneau. L’ensemble des responsables du convoi « déterminés » viennent de montrer ce que nous savions déjà, une compétence !

Lundi 4 avril 2022, en soirée, la coque du « Saint-Hermeland » avait pris une forte gîte, compliquant l’opération de remorquage. Alerté, le « Crossa Etel », avait aussitôt lancé un appel au « Jaguar », un navire école de la Marine nationale, qui s’est dérouté sur place. Puis à des moyens plus adaptés furent envoyés sur zone par le Préfet Maritime de l’Atlantique, dont le navire « Le Sapeur » affrété pour l’Action de l’Etat en Mer !

La réactivité et le savoir-faire tant des Civiles que des autorités  Militaires  du port de Brest additionnés (Préfecture Maritime, Action de l’Etat en Mer, Pilotage, Lamanage, Remorquages et diverses Autorités etc…) viennent de confirmer un professionnalisme à la pointe Bretagne et sur le port de Brest. Une opération de remorquage, et de sauvetage en Mer n’est jamais facile, surtout lorsque la Mer est rebelle, et, les Marins savent qu’elle est souvent victorieuse.

Entre le Moros, à droite et le Mistral 7, la Saint-Hermeland émerge à peine au-dessus de la surface

Une semaine difficile certainement pour certains,  lors du « débriefing », il y aura des conclusions  à en tirer pour les prochains transfères de coques. Ces opérations sont souvent à risques, l’Associations MOR GLAZ attire souvent l’attention sur la dangerosité de ces convois, mais contrairement à d’autres fois, ce convoi est arrivé à quai.

Pour l’Association du MOR GLAZ et du Remorque                                                                 Le Président Jean-Paul HELLEQUIN