Pourquoi les vieux navires doivent-ils être déconstruits en Europe et pourquoi pas à Brest….
Le 17 mai 2OO6, jour du retour du CLEMENCEAU à Brest, en dépit des lois qui interdisent l’océanisation des navires, un porte-avions américain a été océanisé au large de la Floride. Il me paraissait important de le rappeler.
L’association MOR GLAZ souhaite que la déconstruction des vieux navires qu’ils soient civils ou militaires, devienne par une loi internationale une activité qui devra se conformer aux règles sociales et environnementales de nos pays européens. Ces lois que nous prônons et que nous sommes souvent incapables de nous appliquer…..
Il y a trois mois, le cargo « PRODO KOALA » quittait un port de l’Union Européenne avec à bord des déchets toxiques. Ces déchets qui venaient de l’Union Européenne ont tué des personnes au Sénégal.
Les péripéties du NORWAY du CLEMENCEAU et du COLBERT auront permis à tous ceux qui l’ignoraient, de savoir que les navires en fin de vie ne peuvent plus être déconstruits par des hommes qui travaillent dans des conditions d’un autre temps. Cette activité effectuée dans des pays pauvres ou en voie de développement ne peut pas » plus » nous satisfaire, ceci est une drôle de manière de vouloir aider ces pays en leur expédiant nos déchets. Chacun d’entre nous doit dénoncer avec force ces situations d’un autre temps. Certains sont persuadés et chercheraient même parfois à nous convaincre que faire réaliser cette sale besogne par d’autres serait l’un des moyens de les aider …. Parce que ces pays ont besoin d’acier cela serait nous dit on pour ces peuples une aubaine. Ne nous laissons pas berner derrière cette délocalisation qui cache un vrai business et une forme de colonisation économique honteuse…..
Rappelons à ceux qui auraient perdu la mémoire que c’est la cour suprême indienne qui a refusé de déconstruire le CLEMENCEAU.
Le NORWAY pose aussi problème….même si ce navire est moins médiatisé.
Nous faire croire que les chantiers en Asie seraient aux normes, c’est bien nous prendre pour des demeurés…. c’est bien pour cela que ce travail doit être effectué chez nous dans les conditions optimales pour les salariés et l’environnement. Prétendre que ces chantiers sont aux normes est grotesque. Le ministre du travail a reconnu qu’en France, 2 chantiers de désamiantage sur 3 ne respectent pas entièrement la réglementation en vigueur. Nous savons par de multiples témoignages, y compris devant les commissions d’enquête parlementaire , la situation catastrophique de ce type de chantier en Inde…..mais il n’y a pas que les problèmes liés à l’amiante…. il y a aussi les conditions de travail de ces pauvres gens. Dans la région où se trouve le chantier d’Alang, il y a 140 pseudo chantiers sur 10 kms de littoral…….. L’objectif créer un chantier de déconstruction à Brest est ambitieux mais réalisable.
Lors de la table ronde organisée à Brest le 8 avril 2006 par l’association MOR GLAZ, les responsables politiques, industriels et autres… sont venus nombreux, seule manquait la CCI.
La conférence que vous avez préparez ce soir avec beaucoup de soin ne doit pas être comme trop souvent une conférence de plus sans résultat ni sans suite….. Nous, participants et vous toutes et tous devons montrer une réelle volonté si nous voulons que ce projet se réalise en Europe et pourquoi pas ici chez nous à Brest. Si nous voulons lancer un tel chantier de déconstruction de vieux navires à Brest, pour être en conformité avec les discours de la commission européenne et correspondre aux normes, il faut que tous les acteurs locaux se fédèrent. Nous devons aussi faire prendre conscience à tous les acteurs du secteur maritime qu’il faudra désormais prévoir le coût de la déconstruction d’un navire dès sa construction, cela doit désormais être la nouvelle norme internationale. Espérons que les responsables politiques ont encore un pouvoir face à l’Organisation Maritime Internationale et à l’Organisation Internationale du Travail. Nous devons, associations…syndicats…et citoyens interpeller l’Organisation Maritime Internationale (qui est le seul organisme capable par le n° IMO d‘avoir la traçabilité d’un navire) et l’Agence Européenne de Sécurité Maritime (qui a été inauguré officiellement à Lisbonne le 14 septembre 2006).
Il faut imposer par la loi à tous les armateurs de nouvelles obligations. La déconstruction des navires civils et militaires ne concerne pas que les navires de l’UE mais tous les navires de tous les pays, de toutes les immatriculations, sous tous les pavillons.
Un tel chantier bien dirigé, bien géré ne peut qu’être positif pour Brest, la région et notre pays. Certains industriels brestois y croient, félicitations messieurs tenez bon…… L’Union Européenne doit participer activement à la déconstruction des 700/750 puis des 1200 navires qui seront à démanteler chaque année à partir de 2010. Dans les prochaines années ce chantier pourrait connaître une importante charge de travail car il est prévu la suppression de 55 navires militaires français qui ne correspondent plus aux normes mais également 44 navires britanniques sans parler de ceux des autres pays européens. Mais aussi les 2000 pétroliers à simple coque devenus obsolètes ou qui le deviendront suite aux bonnes décisions qui avaient été prises par madame de Pallacio et la Commission européenne, d’imposer les pétroliers et autres navires à double coque.
Si les navires étaient plus sérieusement contrôlés et de la même manière dans tous les ports il faudrait en déconstruire le double chaque année, surtout parmi les navires de 90 à180 mètres L’UE avec la deuxième flotte marchande au monde (depuis l’entrée de Malte et Chypre dans l’Union Européenne) doit donner le bon cap, montrer le bon exemple.Elle doit imposer des règles pour déconstruire tous les navires civils et militaires. Le monde maritime serait-il encore cette fois à côté de ce qui est imposé dans tous les autres secteurs industriels.
Nous avons appris il y a quelques semaines que Malte, Chypre, la Grèce et quelques autres pays se seraient réunis à Londres afin que le transport maritime ne figure pas dans la convention de Bâle. Le transport maritime, première activité internationale doit être capable d’appliquer les mêmes règles pour tous.
Envoyer ses déchets ailleurs ne sera désormais plus possible car il faut l’interdire, l’interdire par la loi ou faire appliquer simplement les lois existantes. Respectons les traités et conventions que nous signons et faisons les respecter par tous……et partout.
Lorsque nous sanctionnons les pollueurs des mers sur notre littoral nous avons une bonne démarche pour défendre l’environnement chez nous, menons la même démarche hors de nos frontières en traitant nous mêmes nos déchets. Ne tournons pas le dos à nos responsabilités, cela serait incompris et immoral envers ceux qui les reçoivent.
· Brest doit saisir avec d’autres ports européens cette opportunité industrielle.
· Brest doit se doter d’un chantier de déconstruction de navires, celui-ci devra être labellisé et aidé dans un premier temps si nécessaire par l’Union Européenne.
Brest doit se doter d’un chantier attractif pour les armateurs internationaux comme elle sait le faire pour la réparation navale. Et puis Brest peut-elle s’offrir ce luxe de garder une mono activité.
La déconstruction des navires doit être une activité supplémentaire, un complément d’activité. · Brest doit saisir cette opportunité, cette chance pour l’emploi dans ce bassin où notamment le secteur de la métallurgie a beaucoup souffert durant ces dernières années, déconstruire des navires n’est pas une activité dégradante ni une sous activité.
Un pays comme la Hollande a su provisionner 64M€ pour activer prochainement un chantier de déconstruction de navires.
La France va-t-elle encore cette fois tourner le dos à une activité proche du secteur maritime, ou bien ce sujet serait-il devenu tabou, cette activité serait elle considérée par certain comme une basse besogne qui ne mériterait pas d’être défendue.
nous devons ensemble convaincre l’Union Européenne sur l’implantation des chantiers de déconstruction de navires en Europe et pourquoi pas à Brest.
nous devons gagner ensemble sur ce dossier pour le respect de l’Homme et de l’environnement.
nous devons gagner pour Brest.
Notre port doit être le port où sera implanté le chantier de référence pour cette nouvelle activité aux normes sociales et environnementales que nous prônons. Enfin au lieu de s’obstiner, le gouvernement devrait reconnaître qu’il s’agit d’un problème économique qu’il devra régler cet imbroglio-commercialo-politique qui n’a que trop duré. Certes, au prix de la ferraille le CLEMENCEAU ne vaut pas le coût d’un désamiantage effectué dans les règles en France, est-ce pour cette raison que nous devons faire réaliser cette sale besogne par d’autres…..NON……
Les armateurs privés et les Etats devront désormais prévoir la déconstruction des navires civils et militaires en prévoyant une ligne budgétaire dès la construction….
les Etats qui possèdent une flotte militaire devront changer leurs textes et les armateurs leurs habitudes.
Il faut que nous traitions les vieux navires comme nous savons le faire pour d’autres déchets.
Où trouver l’argent ? Ce type de chantier est-il économiquement viable ? Oui, il suffit pour cela d’imposer aux armateurs, aux assureurs, aux affréteurs, à l’Etat du pavillon du navire ainsi qu’à tous les acteurs du transport maritime de nouvelles obligations internationales rigoureuses.
La première activité mondiale ne peut pas encore cette fois rester à côté des lois, des financements peuvent être prélevés sur les marchandises transportées (en 2005 plus de 7 milliards de tonnes de marchandise ont été transportées par la mer et le volume est en constante progression), mais aussi sur les frais d’escale des navires. Une partie des aides à la construction accordées aux armateurs devra être désormais provisionné par un organisme international (sérieux et contrôlé) pour déconstruire les vieux navires en respectant toutes les normes.
Non, l’idée de déconstruire autrement et chez nous les vieux navires n’est pas une utopie, par contre confier cette tache à d’autres sous prétexte de les aider est une forme de colonialisme économique honteux et peu louable.
L’association MOR GLAZ continuera à militer pour des chantiers de déconstruction de vieux navires en Europe et dans notre région, car nous constatons encore cette fois que sur ce dossier lié au secteur maritime le manque de volonté de la part d’un trop grand nombre d’élus de notre région, de notre pays et de l’Union Européenne.
Pourquoi la France pourrait-elle démanteler ses sous-marins nucléaires et pas ses navires de surface, le discours économique de nos élus est irrecevable lorsque nous connaissons les conséquences sur la santé des gens qui effectuent ce travail.
La conférence à Brest en décembre 2006 de madame Annie Thébault-Mony (sociologue, chercheur au CNRS sur les maladies professionnelles) a motivé un peu plus les militants de l’association MOR GLAZ à continuer ce combat pour déconstruire autrement et chez nous les vieux navires. Il faut déconstruire mieux et ici en Europe et pourquoi pas à Brest……. il faut instaurer au niveau mondial une chartre sociale et environnementale sur la déconstruction des vieux navires. Il faut associer le social, l’économique et l’environnemental.
L’association MOR GLAZ milite depuis 2000 pour une filière de déconstruction des navires, notre première position publique sur la déconstruction de CLEMENCEAU date du 07 novembre 2003. Cette aventure doit prendre fin ici à Brest,
Brest 2008 n’est plus un obstacle, et je suis personnellement satisfait de voir la position du président de Brest Métropole Océane. Depuis deux ans, la déconstruction des vieux navires est en régression cela est très mauvais pour la sécurité maritime, pour les marins et l’environnement le » MSC Napoli » et le » Rokia Delmas » sont les derniers exemples……
Pour l’association MOR GLAZ le président Jean-Paul Hellequin